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Debout et libre

deboutetlibreLe 17 avril 2008, à Fort-de-France, s’éteignait Aimé CESAIRE. L’association brestoise « Breizh-Africa » m’a alors demandé, lors d’une soirée musicale en mai 2008, de lui rendre hommage. Cette soirée commémorait également les 160 ans de l’abolition de l’esclavage.

J’ai donc lu les œuvres d’Aimé Césaire. Et j’ai retenu « Cahier d’un Retour au Pays natal », « La Tragédie du Roi Christophe » et ses discours sur le colonialisme et la négritude.
Absorbé par cette lecture, je mets face à face le soulèvement d’un homme noir, Aimé Césaire,  pour défendre sa culture, sa différence. Et, la réglementation d’un homme blanc, Louis XIV, pour canaliser, éduquer et exploiter l’homme noir.

Ce qui me touche chez Aimé Césaire, c’est son courage, sa révolte, son soulèvement, son combat.
Et moi, ‘petit blanc français’, si j’avais été noir, aurais-je eu la même hargne, la même force de revendication, aurais-je mené le même combat pour défendre ma négritude ?
Partant de cette question, la deuxième et la troisième partie de « Debout et libre » représentent la transformation de l’homme blanc en homme noir, autant mentale que physique.
« La Prolifération des Coquelicots » montre au public ce que je ressens moi-même, ma négritude intérieure, mon attitude face aux sbires qui maniaient les fouets sur les esclaves.

« Debout et Libre » n’est pas un spectacle qui apporte des solutions, des réponses. « Debout et Libre » est une représentation des réflexions et des émotions provoquées en moi par la lecture des textes d’Aimé CESAIRE.

Laurent MASCLES

 

 

Depuis que l’homme est homme, il n’a cessé de vouloir s’étendre. Il n’a cessé de vouloir conquérir de nouveaux espaces. Il n’a cessé d’inventer de nouveaux moyens de locomotion.
Alors, il a inventé la roue pour se déplacer sur terre. Il a inventé le bateau pour se déplacer en mer. Il a inventé la fusée pour se déplacer dans l’espace.

Dans tous ses combats de conquête, l’homme a finalement découvert de nouvelles terres. Il a découvert de nouvelles espèces animales : des tigres, des éléphants, des girafes, des singes, des noirs. Une espèce d’homme de couleur noire, moins évoluée, moins civilisée, moins chrétienne, moins à son image.

L’homme blanc s’est approprié ces nouveaux espaces et ces nouveaux êtres noirs. Il a appelé ça : la colonisation.
Puis, l’homme blanc a exploité, comme des bœufs, ces êtres noirs. Il a appelé ça : l’esclavage.
Puis, un jour, certains hommes noirs se sont mis à parler de leur condition, à revendiquer leur non différence, à s’identifier identiques à l’homme blanc. L’homme noir a voulu combattre cette inégalité.
Toute sa vie, Aimé CESAIRE s’est battu pour dénoncer la colonisation, l’esclavage.
Il a défendu la culture de l’homme noir, sa magnificence artistique. Il a appelé ça : la négritude.

Imaginons, un instant, l’inverse. L’homme blanc se faisant coloniser par l’homme noir. L’homme blanc ligoté, maltraité, répudié par l’homme noir.

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Presse : Le Télégramme de Brest (03 juin 2009)

En seconde partie de soirée, (…) une toute autre ambiance sur la scène de la MPT en jouant «Debout et libre», une création réalisée notamment à partir de textes d’Aimé Césaire. Théâtrale, poignante, torturée, âpre, la pièce évoque les déculturations occasionnés par la colonisation de l’Afrique et rappelle que durant trois siècle, du XVIIe au XIXesiècle, les pays occidentaux, dit civilisés, ont mis une partie de l’humanité en esclavage.